Notre expédition commence à Siem Reap.
Manchette à la ceinture, nous partons vers l'inconnu.
Nous sommes lourdement chargés. Nous emmenons des vivres pour plusieurs semaines.
Notre expédition est ambitieuse mais nous voulons savoir. Ce royaume khmer dont parle certains vieux sages existent vraiment ? Ces temples, ces mausolées, ces sculptures, ces richesses, ces trésors, ces beautés cachées existent-elle vraiment ? Ne sont-elles pas simplement le fruit de l'imagination, un mythe d'un Atlantide terrestre ?
Tel Mike Horn, Pierre se lance tout droit dans la forêt inextricable. Il coupe. Un coup de machette à droite, un coup de machette à gauche. Nous avançons difficilement mais nous avançons. Nous nous dirigeons vers le nord-est sur les conseils d'un vieux cambodgien rencontrés dans un boui boui. Ces dires n'étaient pas très précis, sans doute altéré par l'alcool de riz dont il avait abusé. A moins que ce soit cet opium qui alterne nos sens. Je ne sais plus.
Pierre manie la machette. Un sifflement retenti. Nous stoppons apeuré.
Trop tard, nous sommes rentré sur le territoire d'un boa constricteur.
Sans que nous ayons le temps de réagir, le boa enlace Pierre.
Mélanie et moi devons nous employer pour faire céder la prise.
Plus de peur que de mal mais voilà un avertissement!
Remis de nos émotions, nous décidons de repartir. Et là c'est le drame.
Profitant de notre combat contre le boa, des singes ont volé toute la nourriture que nous transportions.
Il va falloir se débrouiller avec la cueillette et la chasse. Heureusement, il suffit de se baisser pour ramasser les mangues, ananas, banane, pitaya, papaye, durian, jacque et autres fruits au goût exotique et à la forme bizarre. Comme cela ne suffit pas à nourrir son homme nous partons en chasse. Nous revenons rapidement avec des crickets, des cafards, des serpents et des araignées. Et voilà l'apport en protéine.
Nous continuons notre progression. Un coup de machette à droite, un coup de machette à gauche.
Nous arrivons dans une zone marécageuse. Pas le choix. Il faut continuer en direction du nord-est.
Quelques piranhas nous titillent les jambes mais nous les chassons. Et surtout nous accélérons la marche. Pas envie de servir de bouffe à bubulle et ses copains.
Nous sortons du marécage pour tomber sur une autre difficulté: une large rivière nous fait face. Nous décidons de construire un radeau sommaire pour traverser. L'embarcation n'est pas très stable. Le courant plus fort que prévu nous fait dériver. Malheur! Nous dérivons vers un groupe de crocodiles. Les bestioles nous tournent autour mais ne semblent pas agressives. Nous nous glissons hors du radeau sur l'autre rive. Nous décidons de ne pas partir les mains vides. Pierre tue un crocodile à mains nues. Et voilà notre repas du soir.
La pénombre a gagné la jungle. Nous nous endormons au milieu des cris de cigales qui sifflent tel un micro mal branché.
Au réveil, surprise. A quelques dizaine de mètres nous apercevons de gros blocs de pierre qu'une nature envahit. La pénombre de la veille nous avait caché ces pierres. Nous nous approchons. Il semblerait que nos recherches aient abouti. Une porte semble se dessiner sur notre droite. Je donne quelques coups de machette pour dégager l'entrée. Nous découvrons alors un splendide temple. La nature a certes tenté d'étouffer la construction mais nous avons devant nous un immense temple. Sculptures et bas reliefs fourmillent.
Notre expédition est un succès.
Tout cela est romancé bien sûr.
Mais nous avons bien porté un boa sur nos épaules.
Nous avons bien mangé de l'araignée, du cricket, du cafard et du serpent.
Nous avons bu vu et mangé du crocodile.
Nous avons bien visité ces temples magnifiques parfois envahit par des arbres 2 fois centenaires.
Nous avons bien trempé nos pieds dans un bassin rempli de poisson qui viennent vous suçoter les pieds.
Nous avons bien fumé de l'o.... heu non non. Enfin je veux dire... heu. Nous avons bien discuté avec un vieux monsieur très gentil.
Nous avons bien croisé des singes agressifs.
Nous avons bien entendu ces sifflements aigus de cigales.
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notre découverte |
Et je rêve de posséder une machette.
Martin